« SOLIDARITÉ ACTIVE » C’est « sa » semaine : Martin Hirsch est tout sourire, Nicolas Sarkozy vient de l’annoncer,…


« SOLIDARITÉ ACTIVE »

C’est « sa » semaine : Martin Hirsch est tout sourire, Nicolas Sarkozy vient de l’annoncer, le RSA, son dispositif fétiche, sera généralisé. Avec lui, ici dans les Hauts-Seine, Devedjian et Karoutchi en première ligne face aux allocataires, pour promouvoir le nouvel outil destiné à éradiquer la pauvreté. Parce qu’au gouvernement, mais aussi à l’UMP (malgré les voix qui s’élèvent) c’est l’activisme débridé.

Le 1er septembre, La Garenne-colombes,
département des Hauts-de-Seine

On le sent près du but, le Haut commissaire aux solidarités actives.

Comme au bout d’un longue croisade. Entré au gouvernement sur la base d’un contrat clair : la mise en route de ce dispositif, le RSA. Tout au long de sa première année au gouvernement, l’incertitude a régné. Quant à savoir si l’état des finances publiques permettrait au Président d’honorer la promesse faite à l’ex-patron d’Emmaüs… Et puis voilà, alors que la rentrée économique et sociale s’annonce morose, le 28 août 2008, à Laval, Nicolas Sarkozy annonce la généralisation du RSA pour le 1er juillet 2009. Tout s’accélère : le dossier sera sur la table du Conseil des ministres dès le mercredi 3 septembre. Et à l’Assemblée le 22 septembre. C’est comme le grand tournant à gauche de la pré-rentrée…

Le principe du RSA : remplacer le Rmi et permettre aux allocataires de reprendre une activité, même à temps partiel, sans perdre du pouvoir d’achat. Exemple : une personne gagne 500 euros de salaire (un travail à mi-temps rémunéré au SMIC horaire), le RSA lui garantit un revenu d’environ 800 euros. Et si elle gagne encore 100 euros de plus en travaillant, elle peut conserver encore de son aide sociale. Le haut commissaire Hirsch entend ainsi favoriser le retour à l’emploi des « rmistes ». Et il attend des résultats rapides. Chiffres à l’appui : d’après ses projections, environ 100 000 allocataires retrouveront un emploi dans les 18 premiers mois (un million d’allocataires à l’heure actuelle)…

Mais tout de suite la polémique fait rage.

A droite comme à gauche. Sur le financement d’abord. A Laval, le président de la République a annoncé que le budget pour la généralisation du RSA serait financé par la création d’une taxe de 1,1% sur les revenus du patrimoine. Les critiques portent ensuite sur l’efficacité du dispositif. Qui pourrait favoriser, dans un marché de l’emploi tendu (juillet 2008, nombre de demandeurs d’emploi des catégories 1 à 6 : 2 361 500 personnes), le développement d’emplois très précaires ou à temps très partiel. D’autres encore prétendent que la machine, expérimentée dans quelques départements seulement, ne serait pas prête à être généralisée. Enfin, dans l’opposition certains sont plus radicaux encore : pour eux, le RSA c’est « le cache misère de la politique antisociale de ce gouvernement ».

Pourtant, le RSA, pour Martin Hirsch, c’est avant tout trois ans et demi de travail. Beaucoup de visites de terrain, dans tous les départements de France, privilégiant l’explication, la pédagogie, mais aussi la concertation, entre associations, usagers, élus locaux, parlementaires…

Et puis ce tour de force, la conversion de l’UMP – un sacré boulot, un long travail en interne… Au point que le RSA veut désormais s’imposer, pour le gouvernement Fillon, comme la mesure-phare de la rentrée. Ou qu’un Roger Karoutchi peut désormais expliquer que le RSA, ce n’est pas seulement un nouvel impôt, c’est le développement logique du cœur du « sarkozysme ».
Caméraman : Joseph Haley
Journaliste et monteuse : Karine Yaniv