La tension est palpable jeudi 28 avril porte de la Villette où sont rassemblés 150 migrants tunisiens. Alors que depuis plusieurs semaines ces derniers dorment dans des parcs parisiens, ils se regroupent ce soir-là à quelques mètres du périphérique où des associations distribuent des repas. Mais les forces de l’ordre ne sont pas loin.

Le contexte

En janvier 2011, la révolution du Jasmin ouvrait une nouvelle ère démocratique en Tunisie. Pourtant, de nombreux Tunisiens fuient leur pays, escomptant de meilleures conditions de vie en Europe. Via l’île de Lampedusa, ils rejoignent l’Italie. Près de 20 000 visas d’une durée de six mois sont accordés aux migrants par le gouvernement de Berlusconi. Le sésame leur permet de circuler dans l’espace Schengen et d’entrer dans l’hexagone. À une seule condition : disposer de ressources financières suffisantes (62 euros par jour).

C’est ainsi que des dizaines de Tunisiens rejoignent les villes de Marseille et Paris. Fin avril, dans la nuit du 26 au 27, une soixantaine de Tunisiens sont placés en garde à vue dans les 10e, 18e, 19e, 20e arrondissements parisiens ainsi qu’en Seine-Saint-Denis.

Porte de la Villette, jeudi 28 avril, 20h30

Face à l’afflux massif de migrants, plusieurs associations (France Terre d’Asile, Secours Islamique France…) leur viennent en aide dans un square situé en contrebas du périphérique porte de la Villette. Où dormir ? Comment obtenir des papiers ? Comment manger ? Autant de questions que se posent les Tunisiens.

C’est alors que des élus entrent en scène. Tandis que la police cerne le quartier et interpelle des migrants, les élus écologistes s’emploient à trouver une solution de logement pour la nuit. À chaque instant, la situation peut dégénérer en affrontement entre les migrants et les CRS.

Epilogue

Quelques jours après notre reportage, le lundi 2 mai au soir, les migrants investissent un bâtiment désaffecté appartenant à la mairie de Paris, rue Simon Bolivar dans le XIXe arrondissement. Les 138 occupants sont expulsés du squat et placés en garde à vue deux jours plus tard.

Depuis samedi 7 mai, une centaine de Tunisiens occupent, avec l’accord de la Mairie de Paris, un gymnase municipal rue de la Fontaine au Roi dans le XIe arrondissement. Tous espèrent obtenir des propositions de logement, et pour les sans-papiers, une régularisation.

Laurent Galinon
Vivien Chareyre