TOTAL VICTOIRE ! Les vacances d’été approchaient mais le moral était au plus bas, sur le piquet de…

TOTAL VICTOIRE !

Les vacances d’été approchaient mais le moral était au plus bas, sur le piquet de grève, des deux cents grévistes du départ, il ne restait plus qu’une vingtaine d’irréductibles. Ils y tenaient à leur lutte contre ce Goliath de Total, et la tente du piquet en était le symbole. Rituel inchangé avec deux assemblées générales journalières, l’une le matin, l’autre l’après-midi, entrecoupées par les saucisses merguez du barbecue. Journée d’attente, parties de cartes, télé. Les pneus ne brûlaient plus depuis longtemps, un nouveau directeur avait été nommé Aucun projet industriel de remplacement n’avait réellement vu le jour. Le projet du terminal méthanier semblait lui aussi compromis, E.D.F., associé à Total revoyait sa copie, le prix du gaz à la vente ayant baissé, l’investissement restait il rentable ? C’était la fin.

J’avais décidé de ne pas filmer l’agonie de la raffinerie, respectant la dignité du combat des salariés. Ces images de guillotine devaient être les dernières. Mais le 30 juin la justice en a décidé autrement, la cour d’appel de Douai a ordonné le redémarrage du site dans un délai de quinze jours, motivant que les décisions de fermeture provisoire puis définitive des installations ont été prises sans consultation préalable du comité central d’entreprise.

Coup de théâtre historique, je reprenais donc le chemin du piquet de grève.

Les sourires étaient revenus mais chacun restait prudent, se méfiant d’un prochain coup tordu de la direction et surtout parce que techniquement, il est impossible de redémarrer l’installation après 10 mois d’interruption. Ils espèrent que d’ici ces quinze jours, un processus de redémarrage soit envisagé et engagé, impliquant le fameux « Grand Arrêt », cette opération obligatoire de maintenance et de révision totale de l’outil de travail.

Dura Lex Sed Lex !!!

A suivre (peut-être ou sans doute) ?

Philippe Jonneskindt